Some Inglorious Ways

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    15. Fraternité ~ Le compromis

    Majestic
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    Message par Majestic Mar 26 Avr 2011 - 21:48

    « Khain, Khain, Khain ! » scandait la foule réunie dans le petit restaurant familial du coin. Les gens réunis dans la salle étaient tous ivres. Certains par le biais de l'alcool, mais la majorité d'entre eux se retrouvaient dans cet état par leur seule excitation.

    En milieu d'après-midi, un homme à la barbe de trois jours, vêtu comme un vagabond, les avait tous rencontré un à un et donné rendez-vous devant la seule petite auberge du village. Dans un premier temps, peu avaient cru ses propos car il leur avait promis un festin à ses frais. Pour ce village qui sombrait dans la misère depuis des années, ce genre de boniments ne prenaient plus. Pourtant, à la tombée du soir, une certaine agitation se fit ressentir devant l'arrivée d'une dizaine de gigantesques camions frigorifiques qui se dirigeaient vers le pâle restaurant. Les gens affluaient lentement mais sûrement, d'abord par curiosité, puis enfin certains commencèrent à penser qu'il y avait peut-être une part de vérité dans les propos du voyageur. Celui-ci demanda d'ailleurs des bras pour aider les tenanciers ainsi que lui-même à transporter les denrées dans la salle froide du bâtiment. Les volontaires furent étonnés par le contenu des innombrables caisses. Certes elles n'étaient pas remplies de caviar, mais le contenu était bien loin des sempiternels produits retirés du marché pour cause de péremption. Des quartiers de boeufs entiers, des bacs complets de dizaines de poissons, saumons, morues, truites et bien d'autres tous aussi savoureux les uns que les autres s'amoncelaient. Mais ils n'étaient pas au bout de leur surprise. Une fois le premier véhicule déchargé, ils furent éberlués par la signification de la présence des neuf autres. Avec le seul contenu de ce premier véhicule, ils auraient de quoi nourrir tout le village pendant un mois, et plus encore grâce à leurs récoltes bien que maigres. Les trois suivants contenaient de gigantesques sacs de céréales, plusieurs tonnes de riz, de blé, d'orge et de pommes de terres. Le cinquième était rempli à ras bord de fruits de toutes provenances, plus d'une trentaine de variétés de toutes les couleurs s'étalaient et les volontaires pour leur transport eurent bien du mal à ne pas s'y attaquer malgré leur congélation. Le sixième arracha quelques glapissements d'excitation parmi les plus âgés des villageois. Il était empli de cagettes de bois ou s'empilaient les bouteilles de toutes les couleurs et dont les contenus allaient du cidre doux à l'eau de vie la plus corsée. En regardant de plus près, ils virent que les autres véhicules n'étaient pas équipés pour la conservation d'aliments. En vérité ils n'en contenaient même pas. À la place, des monceaux de matériaux s'empilaient jusqu'au toit. D'abord interloqués par le changement incongru de contenu, voyant leur perplexité, le voyageur prit la parole. Il leur dit se dénommer Khain. Il leur raconta sans le moindre tabou son passé ainsi que son expérience des milieux difficiles. Il n'avait pas l'intention de leur amener à manger afin qu'ils subsistent encore quelques mois avant de sombrer à nouveau dans la misère. Cette nourriture était un capital qui devait leur donner le délai nécessaire pour relancer leur petite bourgade. Ainsi donc tout ce matériel devait servir à la construction de nouveaux systèmes d'irrigation, granges et complexes animaliers afin de rendre la ville autonome et même apte à vendre une partie de sa production afin de pourvoir aux autres besoins. Un hôpital ne serait par exemple pas de trop. Il leur promis que d'ici six mois, d'autres véhicules viendraient livrer la même quantité de nourriture. Ce faisant, ils disposaient d'un an sans avoir à se soucier le moins du monde de la répartition des récoltes entre semence et nourriture, non plus que d'avoir à abattre le bétail pour se nourrir. Pendant une année, ils pourraient utiliser l'intégralité de leurs récoltes afin d'augmenter drastiquement la surface cultivée, et laisser le bétail prospérer sans qu'une seule bête ne soit abattue. Ainsi donc, une fois que tout fut déchargé, d'autres volontaires plus enthousiastes encore prêtèrent main forte en cuisine devant l'abondance des mets.

    Dire que le repas du soir fut un festin serait un euphémisme. Pour ces villageois qui n'avaient jamais connu autre chose que le pain rassi, la viande séchée et la mauvaise bière aigre, les plats qui leur furent présentés semblaient sortir d'un autre monde. Ils n'avaient certes rien d'extraordinaire mais l'on oublie bien vite que de simples produits peuvent donner naissance à des repas qui n'auraient rien à envier ceux de grands restaurants. Khain était bon cuisinier mais il fut ce soir là impressionné par la capacité des tenanciers à distiller leurs connaissances aux volontaires tout en mitonnant eux-même de leur coté les sauces et autres préparations plus complexes. Ce n'était pas la première fois que ce voyageur se retrouvait dans cette situation et aussi savait-il que les convives ne prendraient pas le temps de savourer leurs plats s'ils étaient amenés en quantités. Il expliqua donc ce qu'il avait en tête au couple propriétaire du restaurant et leurs visages s'illuminèrent. Eux qui n'avaient jamais eu d'autre choix que d'essayer de rendre mangeable des produits passés ou en faible quantités, avaient désormais la possibilité de laisser parler leur passion pour la cuisine. La notion de repas en plusieurs parties leur était inconnue, cependant l'idée les avait séduit. C'est ainsi que Khain se rendit dans la salle accompagné de quelques villageois qui l'avaient suivi. Chacun portait un cageot. Les bouteilles et corbeilles de pain frais commençaient à se disposer sur les rares tables, les quelques convives assis se retenant tant bien que mal de se jeter sur le tout. Toujours suivi de ses acolytes, il prit la direction de l'un des camions restés dehors et en déchargea des cartons d'assiettes, de verres et de couverts. D'un autre, il sortit plusieurs planches ainsi que des outils. En quelques dizaines de minutes l'auberge décatie fut réaménagée, une bâche, protégeait les occupants du froid fut installé et des tables prêtes à être assemblées semblaient pousser du sol. Lorsque l'heure du dîner arriva, la salle était transformée. Chaque habitant sans exception était assis à l'une des longues tables, auprès des membres de sa famille. Tous avaient devant eux de belles assiettes qui n'allaient pas tarder à se remplir. Les premières bouteilles ne contenaient que du cidre afin de réchauffer la pièce, ainsi que ses occupants bien entendu. Les plats qui se succédaient sur la table n'étaient pas gargantuesques mais il en arrivait sans cesse de nouveaux à intervalle régulier. L'apothéose pour les enfants fut bien évidemment le dessert. Cette notion même leur était inconnue et si elle faisait plaisir aux adultes, les plus jeunes, eux, étaient émerveillés. Les simples tartes et pâtisseries rustiques qui se dressaient sur la table étaient incomparables au sucre fade des betteraves, et les gloussements enfantins raisonnaient dans toute la salle. Bien entendu le point culminant de la soirée n'était pas encore venu pour les plus âgés car ils attendaient avec impatience la venue de bouteilles plus prometteuses.

    Quelques semaines plus tard, les paysans maigrelets qui peinaient à labourer leurs champs avaient laissé place à de solides gaillards. La promesse d'un avenir prospère et de bons repas avait transformé les villageois auparavant étiques. Les choses semblaient être pour le mieux et Khain décida de reprendre la route, il n'avait plus rien à faire ici et il ne voulait pas prendre le risque de rester trop longtemps de peur de s'attacher définitivement au village et à ses habitants. Son petit magot ayant été dilapidé, il allait devoir à nouveau écumer des lieux bien moins plaisants. En effet, sa fortune ne lui venait pas d'un héritage ou d'une quelconque possession. La façon dont il récoltait de l'argent était discutable mais ses victimes le perdaient d'une manière tout aussi peu légale, dans l'ensemble la chose s'équilibrait, du moins ses scrupules s'en accommodaient. Depuis tout jeune Khain maniait les cartes avec une agilité stupéfiante, il eut vite compris que ce don pourrait lui être très utile s'il acceptait de se salir les mains. Si certains casinos pratiquaient le jeu en toute légalité, nombre de riches personnes avaient un besoin plus fort d'adrénaline que seul offrait le jeu au noir. C'était là la source des revenus du vagabond. Son talent pour manier les cartes, allié à quelques acrobaties et de bonnes jambes lui permettait généralement d'avoir le dernier mot lorsque le joueur contestait sa défaite. C'est ainsi que fonctionnait la boucle de sa vie. Ce n'était certes pas une vie très saine mais cela lui convenait, pour le moment. Régulièrement, les ruelles dans lesquelles lui et d'autres joueurs illégaux subissaient des descentes de policier, mais quelques pots-de-vin judicieusement versés leur permettaient généralement d'être avertis au préalable. Cependant cette fois, ils ne virent rien venir. En entendant le raffut qui provenait de quelques stands plus loin, Khain décida qu'il était temps de mettre les voiles. Il empocha les gains de la journée dans sa veste et fit coulisser une des planches qui faisait partie de sa liste de sortie de secours. Arrivé de l'autre coté, il grimpa sur le toit délabré à l'aide de la gouttière et se rétablit sur le toit à la manière d'un chat. Pensant s'en être tiré, il relâcha sa vigilance et sautant de toit en toit, il s'éloigna du chaos. Commettant sa deuxième erreur, il se retourna afin de regarder ce qu'il se passait derrière lui, mais avant de pouvoir réagir face à l'homme qui l'avait suivit sans qu'il ne l'entende, celui-ci l'assomma.

    Le cri strident d'un coq le réveilla en sursaut. Il ne distinguait presque rien dans cette pièce sombre et sans fenêtre. Quelques instants plus tard, deux hommes entrèrent et se saisirent des prisonniers, Khain remarqua alors qu'il était ligoté, ce n'était pas la première fois que cela lui arrivait mais cette fois-ci les liens n'avaient pas été faits par un amateur, il lui serait impossible de se libérer. Lorsque tous les prisonniers furent alignés, il put reconnaitre les visages de nombreuses personnes qui ne lui étaient pas inconnues. Les deux hommes qui les avaient trainé jusqu'ici étaient étrangement affublés. Le premier était vêtu de vêtements simples et solides qui semblaient déchirés, percés et même tranchés en de nombreux endroits. Le second avait un aspect pour le moins étrange, il portait un ceste et un petit bouclier rond à la main gauche et une épée dans la main droite. L'un à gauche et l'autre à droite, ils pillèrent méthodiquement leurs proies et empilèrent le butin. Vinrent ensuite deux autres hommes fins aux visages anxieux. Ils entamèrent la conversation avec l'un des deux kidnappeurs.

    « Je crois que nous avons un problème Dez, j'ai fait appel à mes anciens contacts et Rabbit a fait de même avec ses connaissances, Bito semble avoir complètement disparu, et tous les autres affirment ne pas avoir emporté les plans.
    Tu penses qu'il nous aurait trahi ? »
    répondit le dénommé Dez.
    L'autre garde se mêla à la conversation :
    « Attendons avant de sauter aux conclusions, jusqu'à présent il ne nous à jamais fait part d'un quelconque doute sur nos méthodes ou notre but. Je ne pense pas qu'il ait pu changer de bord aussi radicalement sans raisons. Rabbit, lors de votre dernière sortie, il ne t'a pas paru différent ? »
    Le quatrième prit la parole :
    « Non je n'ai rien remarqué de particulier. Mais s'il nous a réellement trahis, nous sommes confrontés à un gros problème. »

    Un groupe de personne s'approcha, leurs visages semblaient familier à Khain. En effet, certains de ces hommes habitaient l'un des villages qu'il avait aidé il y a quelques années. Ils discutèrent un moment avec les quatre autres lorsque l'un des villageois remarqua que Khain était parmi les prisonniers. S'entama alors une discussion entre le paysan et un homme au visage las et aux cheveux aile-de-corbeau. Peu après, le dénommé Dez rompit les liens qui retenaient l'acrobate. Chose surprenante, il ne jugea pas nécessaire d'utiliser une lame et arracha les cordes à mains nues. Ne sachant pour quelle raison il avait été détachée, Khain fut partagé par l'envie de prendre un peu de recul et celle d'en savoir plus, la curiosité l'emporta. L'homme qui l'avait détaché prit la parole à nouveau :

    « Désolé mon vieux, apparemment tu n'fais pas partie de la vermine qu'est étalée ici. C'monsieur m'a dit que tu avais sorti leur village de la galère y'a quelques temps. C'est comme ça que tu gagnes ta croûte ? »
    Un autre homme aux cheveux noirs prit la parole à son tour :
    « Euh, je crois que ce que mon compagnon a voulu dire, c'est que... »
    Le dénommé Dez l'interrompu :
    « Rohhh, tu vas pas recommencer Shoriu, j'suis sûr qu'il a parfaitement capté, nan ? »
    Encore un peu suspicieux, Khain répondit avec prudence :
    « Je suppose oui, dans quel but nous avez-vous fait prisonniers, et pourquoi m'avoir libéré? »
    Rabbit lui répondit :
    « Eh bien, disons que nous avons décidé de redistribuer les richesses du coin à notre gout, personnellement je trouve que la présence d'immeubles flambants neufs et n'ayant qu'un seul propriétaire à côté d'un village fait de tôles enlaidit le paysage. En général nous n'avons pas trop de scrupules à ... récupérer des fonds de cette manière. Mais selon les dires des habitants, tu as aidé ce village par le passé en tentant de relancer leur économie. L'ennui c'est que depuis quelques-mois un gros bonnet s'est mis en tête de posséder une énième résidence grotesquement grande, et n'a pas voulu démordre de l'idée de la faire construire dans cette petite vallée, ce qui impliquait d'abord un certain ménage par le vide. Avec le nombre de contacts haut placés dont il disposait, il ne lui a pas été bien difficile d'étrangler les revenus du village, et d'ici quelques mois eh bien ... tu vois ou je veux en venir.
    Dez eut la courtoisie de terminer l'explication :
    « En gros, le gars que tu vois la bas, à gauche. Disons qu'il à littéralement aidé cette ordure à avoir un peu plus de plomb dans la cervelle. D'ailleurs je vais vous présenter. Njio ! Viens par ici. »

    Quelques heures plus tard, Khain était assis sur une chaise sommaire mais confortable dans un lieu vraiment étrange. Une sorte de caverne naturelle mais qui semblait avoir été entièrement aménagée avec soin. Il ne savait pas encore vraiment quoi penser de la situation mais la curiosité avait eu, une fois de plus, raison de lui. L'un des hommes lui avait proposé le choix suivant : Ils le laissaient sur place, sans cordes bien entendu. Ou alors ils l'emmenaient avec eux, car son passé avait un profil ... intéressant, avait-il dit. L'homme à l'épée dont il n'avait appris le nom que récemment, ainsi que Njio, gardaient l'entrée de la grotte. La plupart des membres vaquaient à leurs occupations mais Dez n'avait pas lâché Khain d'une semelle, car il retrouvait un peu de son passé dans la façon de vivre de cet homme. Shoriu quant à lui était allongé quelques mètres plus loin. De temps en temps il ne pouvait réprimer un fou rire. En effet au cours de cette discussion, l'homme qui s'avérait être celui qui l'avait assommé n'y allait pas de main morte et ne ratait pas une occasion de mettre les deux pieds dans le plats. Cependant, loin de s'en vexer Khain appréciait cette franchise impétueuse. Ils furent interrompus au cours de leur discussion par celui qui semblait être le chef.

    « Dez, Shoriu, je vous confie la garde du repaire, Rabbit, j'aimerais que tu expliques un peu plus en détail à notre hôte ce que nous faisons quotidiennement. Je pense que cela l'intéressera, je l'espère en tout cas. Bien, vous autres, allons-y. »

    Tout le reste de l'équipe quitta la caverne à bord d'un camion dont Khain observa les feux arrières disparaitre au loin. Il s'avéra qu'il était en effet très intéressé par la vie qui lui était proposée.

    Quelques dizaines de kilomètres plus loin, la bonne humeur n'était pas au rendez-vous. Ils avaient décidé de s'assurer de l'éventuelle trahison de Bito. Si celui-ci avait effectivement récupéré les plans et les avait livré, alors un sacré comité d'accueil serait là pour les accueillir. Ce fut Njio qui leur confirma la nouvelle. Muni de jumelles thermiques, il avait passé la zone au peigne fin et plus d'une centaine d'hommes en armes les attendaient. Les jurons fusèrent dans le groupe jusqu'à ce que Majestic estime que cela suffisait. Il leur annonça que malgré la trahison, ils devaient continuer car l'apparente invincibilité de leur groupe était aussi importante que les actions réelles. Ils n'avaient jamais rencontré l'échec et si cela venait à se produire, leur pouvoir de persuasion serait réduit à néant. C'était bien entendu inacceptable. Grâce à la réputation qu'ils avaient acquise, ils arrivaient à tenir le couteau sous la gorge de nombreux hommes de pouvoir corrompus jusqu'à la moelle afin qu'ils ne s'écartent pas du droit chemin. Cependant le plan étant dévoilé, un changement de dernière minute s'imposait. L'action n'aurait pas l'éclat qui était originellement prévu, mais désormais seul le résultat importait. Ils devaient montrer au monde que même cette trahison ne les pousserait pas à renoncer. Ils devaient mener à bien leur objectif sans tuer un seul garde afin de montrer à tous qu'une armée ne pourrait les empêcher de se battre pour leur cause.

    Leur cible était en l'occurrence un immense immeuble ne contenant que des bureaux. Ces bureaux appartenaient à une multinationale employant des méthodes scandaleuses, n'hésitant pas à affamer tuer et piller pour s'enrichir. Il n'y avait aucune cible vivante, seul le bâtiment devait disparaitre afin de faire passer le message. Les dirigeants comprendraient, du moins, mieux valait-il pour eux qu'ils le comprennent. Le plan initial était d'infiltrer le bâtiment et de placer des charges explosives afin de faire tomber la structure sur elle-même pour éviter de tomber sur d'autres constructions. Seulement la tâche serait difficile avec la présence de patrouilles autour du lieu. Ils avaient eu la prévoyance d'emporter un surplus de matériel en cas de nécessité d'improviser. Le nouveau plan était simple, deux d'entre eux allaient revêtir les combinaisons des gardes afin de s'infiltrer dans les patrouilles. En premier lieu, Majestic avait décidé de confier cette tâche à Yoh. En effet ce dernier était habitué à changer de personnalité comme de vêtement de par son passé de tueur à gage. Cependant Max avait insisté pour le seconder par sécurité. Ils attendirent donc que deux gardes se trouvent isolés. Lorsque le signal fut donné, Njio et Ymmit tirèrent à l'unisson un duo de fléchettes anesthésiantes. Les deux gardes s'effondrèrent dans un bruit sourd. Ils s'empressèrent de revêtir l'uniforme et de dissimuler les gardes endormis, et rejoignirent leur patrouille, profitant de l'obscurité de cette nuit sans lune qui masquait leurs visages. Vint enfin le tour de garde ou leur groupe devait inspecter l'immeuble de fond en comble. Normalement, seuls Max et Yoh avaient un rôle à jouer mais préférant abuser de prudence, Majestic avait demandé à Njio de surveiller l'avancée de leurs deux compagnons à l'aide de son fusil à lunettes. Tandis qu'ils vérifiaient les étages un à un, ils placèrent furtivement les charges aux endroits nécessaires à l'écroulement du bâtiment. Arrivés en hauts il ne leur resterait plus qu'à parcourir le chemin inverse et à s'esquiver discrètement. Cependant une fois que la patrouille fut sur le toit, quelque chose d'anormal se passa. Max s'était écarté de Yoh et peu après les gardes le tenaient en joue. Gardant son sang froid, Njio rappela Ymmit à ses cotés et lui dit très rapidement ce qu'ils allaient faire. Les gardes tombèrent à genoux les uns après les autres, tous avaient reçu une balle dans les deux jambes. Cependant, ayant compris la trahison, Njio ne visa pas les jambes et Max s'écroula, mort. Malgré la vitesse à laquelle ils avaient neutralisé les gardes, certains avaient eu le temps d'ouvrir le feu et Yoh gisait aussi sur le sol. Lorsque Njio lui expliqua la situation, le visage las de Majestic laissa immédiatement place à une colère immense. Il donna rapidement ses ordres et pris la direction de l'immeuble. Thoner et Sakey devaient créer une diversion sur la droite tandis que Radagast et Kakashi s'occupaient de la gauche. Elenwë quant à lui, avait tout de suite commencé à confectionner à la hate une litière et à préparer des bandages qu'il saupoudrait de ses diverses sacoches. Les deux tireurs couvraient Majestic qui, profitant de la diversion se ruait en haut de l'immeuble. Njio utilisa un chargeur de balles explosives qu'avait bricolé Ymmit afin d'intimider les gardes pour les empêcher d'entrer à leur tour. En une minute à peine Majestic se dressait déjà sur le toit, et assomma un à un les gardes blessés, se déplaçant à une vitesse stupéfiante. Il se saisit du corps inerte de Yoh et à la surprise du duo qui le couvrait, il sauta du toit de l'immeuble, Yoh sur son dos. Lorsqu'il toucha le sol, il n'y eut pas un son, pas le moindre impact, et il se rua vers le camion. Ayant quitté les lieux de leurs diversions, tout le monde était prêt à prendre le départ. Elenwë allongea Yoh sur le lit de fortune qu'il avait confectionné à la hâte et vérifia son état. Il était vivant mais il avait déjà perdu beaucoup de sang, et l'un de ses poumons était perforé. Il banda ses plaies tandis que SFM démarrait afin de quitter les lieux. À la demande de Majestic, Radagast prit un mégaphone et s'époumona :

    « Vous disposez de dix minutes pour évacuer les blessés du toit, après cela le bâtiment explosera, inutile d'essayer de désamorcer les charges. Si une seule d'entre elle se désactive sur l'écran de contrôle, nous n'hésiterons pas à tout faire sauter ! »

    C'était un coup de bluff, car ils n'avaient aucunement l'intention de tuer des innocents. Ces hommes faisaient simplement leur travail, la plupart avaient surement une famille ou des amis aussi, il était hors de question de les tuer. Heureusement la menace eut son effet et les lieux furent évacués au bout de quelques minutes. Ymmit déclencha les charges et l'immeuble s'effondra dans un immense nuage de poussière.

    Lorsqu'ils arrivèrent au repaire, ils déplacèrent d'urgence Yoh dans l'une des salles qui avait été aménagé pour être hermétique et aseptisée. Cela ne valait pas un hôpital mais c'était la tout ce qu'ils pouvaient faire. Natsu et Elenwë seuls possédaient des connaissances médicales et ils opérèrent ainsi leur camarade seuls. Son état était grave mais sa vie n'était plus en danger, l'hémorragie était stoppé et le poumon cautérisé. L'opération avait duré plus de cinq heures et les deux hommes étaient épuisés. Une fois que tous furent assurés de la survie de Yoh, Njio expliqua ce qui s'était passé. Le chapelet de juron que Dez débita valait à lui tout seul celui de ses compagnons réunis. Cependant, ils furent interrompus par Majestic. Celui-ci n'avait plus dit un mot depuis qu'ils étaient rentrés et son expression s'était figé sur une douleur contenue. Ses camarades arboraient le même faciès et pensaient que cela provenait de la trahison de Bito et Max, mais ils se trompaient. Leur chef fut prit d'une quinte de toux qui lui arrachait à chaque fois une gerbe de sang, puis, il s'affaissa sur le sol.

      La date/heure actuelle est Ven 29 Mar 2024 - 10:21