Some Inglorious Ways

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    14. Trahison ~ Espoir

    Majestic
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    Message par Majestic Mer 12 Jan 2011 - 23:59

    Un homme d'une quarantaine d'années tentait vainement d'enseigner à une trentaine d'élèves mais le coeur n'y était pas. Les restrictions stupides venant de ses supérieurs avaient brisé son désir d'apporter le goût de la connaissance aux plus jeunes, et même ceux qui étaient emplis de bonne volonté ne pouvaient déployer leur potentiel. Il se contentait donc de fourrer industriellement des informations qui seraient aussitôt oubliées après les examens. À vrai dire sa flamme n'était pas tout à fait éteinte, car lorsque son travail était fini il se mettait à la disposition de ceux qui voulaient apprendre pour savoir et non pas par utilité ou nécessité. Si cela ne tenait qu'à lui, il se contenterait d'apporter ses connaissances à ceux qu'il trouvait intéressants, et se contenterait d'un bête travail pour peu qu'il ne piétinne pas ses principes. Mais son sens du devoir l'obligeait à garder son emploi bien payé aussi peu gratifiant soit-il. Cette personne détestait l'ingratitude et s'était promis d'assurer la subsistance de ses parents qui l'avaient soutenu et entretenu durant ses longues études. Il ne s'était jamais marié car le monde qui l'entourait l'écoeurait et jamais il n'aurait pu supporter d'infliger ça à sa descendance. Pourtant, il avait rêvé de fonder une famille, de passer ses journées à enseigner et rentrer chez lui pour mettre en place les préparatifs d'une soirée familliale, des bambins courant en tout sens. Comme la plupart des idéalistes, la vie avait brisé ses rêves, mais lui-même faisait partie des quelques personnes qui malgré ça, continuent à agir en fonction de leurs principes. Il n'attendait plus rien de la vie, mais la vie attendait de lui, et il ne faillirait pas. Il supportait avec fatalisme le fait que les élèves qu'il guidait souffriraient car il ne leur enseignait pas que les mathématiques. Il avait repris le procédé qui lui semblait le plus adapté, il leur apprenait en premier lieu à réflechir, se servant d'ouvrages philosophiques afin de les former à la pensée. De même, ce concept lui était aussi applicable. Lorsqu'il était lui même élève, la plongée dans cet univers où le but de l'apprentissage est synonyme d'épanouissement lui avait donné le désir de partager ce don. Les incohérences devenaient explicables et le monde était compréhensible. Des centaines de fois il avait entendu des adultes dire d'une personne qu'elle était particulièrement intelligente. Et à chaque fois il lui suffisait de se pencher sur la vie de cette personne pour en déduire deux choses. L'intelligence n'était qu'un autre nom pour l'expérience. Pourtant, si théoriquement l'expérience était source de progrès, certaines personnes étaient hermétiques à la progression. La raison en était simple, l'acquisition d'une réflexion avancée menait inmanquablement à la souffrance. Ainsi son coeur se serrait devant le sourire innocent de ses apprentis lorsque ceux-ci accédaient à un niveau supérieur de compréhension. Malgré l'injustice de cette souffrance née d'une vision du monde plus précise, il pensait que cette peine ne pouvait que rendre les gens meilleurs. C'est pourquoi son but n'avait jamais changé, depuis qu'il avait commencé à enseigner il comptait suivre ce chemin, espérant apporter sa contribution au monde.

    Pourtant, lorsqu'il rentra chez lui un soir comme les autres, son mode de vie qui était gravé en lui-même fut à jamais changé. La porte de l'appartement était fracturée et le cadre était tapissé de bandelettes jaunes en interdisant l'accès. Il se précipita dans l'encadrement arrachant les banderoles au passage et déboula dans le salon. L'un des murs était maculé de sang et deux sacs au comptenant une terrible réalité étaient disposés sur le sol. Il ne versa pas une larme, ne cilla pas, il n'émit même pas un son, insensible aux policiers qui lui demandaient de sortir. En quelques instants la vie qu'il bravait jusque là par devoir venait d'être réduite à néant. Comme toujours lorsque la souffrance atteint un seuil intolérable, la mémoire sombre dans le néant, il ne reprit conscience que quelques heures plus tard, il était debout et tentait de briser des barreaux. Ses mains étaient poisseuses de sang et un gardien de prison le regardait d'un air mi figue mi raisin. Ses sens lui revenant peu à peu, la brûlure qu'il ressentait dans tout son corps devint intolérable et il s'écroula, son coeur s'arrêta de battre et les larmes coulèrent enfin. Sombrant à nouveau, il émergea cette fois-ci dans un lit d'hopital, un infirmier ajustait nonchalament ses perfusions et faisait mine de vouloir quitter la pièce afin de ne pas avoir à engager la conversation. Pendant les premières heures, le blessé tenta de se mouvoir mais son corps ne répondait pas, il songea avec indifférence que son corps ne réagirait plus. Inerte, il passa plusieurs jours sans dormir tout en étant constamment sous l'effet de calmants qui le plongeaient dans une torpeur absolue. Lorsque le sommeil vint enfin, l'homme avait abandonné toute volonté et attendait que la mort s'empare de lui. Deux jours durant, son esprit divagua entre les rêves enfiévrés et la douleur s'atténuait peu à peu. À son éveil, les pensées suicidaires n'étaient plus là, ses principes avaient repris le pas sur son déséspoir. Il ne prononça pas un mot tout le long de son rétablissement et planifia méthodiquement ce qu'il allait faire. Sa récente liberté l'effrayait, mais lui ouvrait de nouvelles portes. Désormais il était seul au monde, de fait, il avait toujours vécu dans la solitude, ses parents eux-même ne comprenant pas ses aspirations. Il leur avait désobéi jusqu'au bout car ceux-ci lui avaient maintes fois conseillé de vivre pour lui-même. Ce qu'il avait refusé en bloc, il avait toujours vécu pour les autres. Seulement, peu importe ce qu'il ferait, aucune personne ne lui étant cher n'en souffrirait. Le temps passant la haine bouillonante s'était changée en une résolution glacée.

    Lorsqu'il fut rétabli, le notaire fut surpris de l'indifférence que manifestait cet homme qui venait de perdre ses deux parents. Il vint prendre les dispositions nécessaires à leur enterrement et au retrait de son héritage, il ne cilla même pas lors de l'identification des corps. Cet argent qu'il avait mis de côté pour le bien-être de ses parents allait malgré leur mort, leur être dédié. Il n'assista pas à la cérémonie, car il avait pris la décision de ne pas leur faire face tant que leur mort n'aura pas été vengée. Il s'était renseigné sur les évènements qui dataient déjà d'un mois et avait ressenti une grande frustration en apprenant que les responsables étaient emprisonnés. Ils avaient voulu cambrioler l'appartement de ses parents pensant que les occupants étaient absents. Les choses avaient mal tourné et ses parents étaient morts pour une poignée de dollars. Toute ces années passées à tenter d'adoucir le monde qui l'entourait lui apparurent soudain comme de la lâcheté. Depuis le début il savait que ceux qui essaieraient de se comporter comme des humains seraient détruits et abusés par des gens dénués de scrupules. Mais désormais plus rien ne le contraignait à obéir aux lois du monde. Aucune responsabilité ne pesait sur ses épaules. Un homme sur lequel aucune pression ne pèse est très dangereux, car plus le sacrifice est grand, plus les opportunités sont vastes. En l'occurence, il se fichait de mourir à condition que la mort de ses parents soit vengée. Malgré sa rage, ses convictions étaient profondément ancrées en lui et il ne put se résoudre à faire sauter le bâtiment. Il se procura donc un fusil à longue portée sur le marché noir, s'indignant au passage de la facilité de se procurer une telle chose. L'arme en question était facile à manier, il lui suffisait de placer la cible au centre du réticule et de presser la détente. Ce qu'il fit. Il apprit par les journaux dans quel bâtiment étaient détenues ses proies, et monta sur le toit d'un immeuble et attendit malgré le froid glacial. Le deuxième jour, il repéra enfin les trois personnes dont les visages ornaient son journal. Au fond de la cour, les trois nouveaux étaient en train de subir l'éternel rituel de bizutage. Malgré tout, il se contrefichait de les voir souffrir, son seul but était leur mort, il visa soigneusement et pressa la détente, trois fois. S'il n'était pas un tireur chevronné, il était en revanche tout à fait qualifié pour ce qui est de calculer la trajectoire d'une balle, et le temps n'avait pas manqué pour se livrer à cet exercice. L'alarme ne tarda pas à se déclencher, il plaqua alors le canon de son arme contre le sol et appuya sur la gachette. L'arme vola en éclat dont certains pénétrèrent dans son bras, mais cela ne l'importait pas, cette arme avait donné la mort et il ne voulait en aucun cas qu'elle tombe en de mauvaises mains. Il descendit de l'immeuble et se livra afin de s'assurer qu'aucun innocent ne serait accusé de son acte. Plus rien n'attirait son regard et il ne fit pas attention à son arrestation. Il eut vaguement conscience d'être menotté et fouillé, puis poussé sans ménagement à l'intérieur d'un véhicule de police. Cependant, au bout d'une centaine de mètres les roues de la voiture éclatèrent et le conducteur freina brusquement. La rue était complètement déserte à l'exception de deux personnes. L'un d'entre eux, le plus proche du véhicule semblait tenir une herse accrochée à un long cable métallique. L'autre était armé d'un fusil et dès que le véhicule stoppa sa course, il fit feu. Ne sachant comment réagir, étant toujours menotté, il se débatit pour vérifier l'état des pocliciers, ils étaient innocents après tout. Il fut soulagé de voir qu'aucune goutte de sang n'avait été versée, de simples capsules de tranquillisant dépassaient de leur cou. Interrompu dans son examen, la porte s'ouvrit brusquement et il se sentit tiré en arrière. Les deux hommes l'empoignèrent et se déplacèrent dans les ruelles sinueuses, semant les véhicules qui n'allaient pas tarder à arriver.

    Ses souvenirs étaient un peu confus mais il se souvint d'avoir été à nouveau placé dans un véhicule, avec cependant bien plus de ménagement. L'un des deux kidnappeurs prit le volant tandis que le second commençait à examiner son bras. Incapable de prononcer un mot il essaya de reprendre son emprise sur lui-même, mais à peine s'apprétait-il à parler que l'autre lui coupa la parole.

    - « Drôle de situation hein? Ca fait toujours ça la première fois. Ah, tu peux essayer de ne pas trop gigoter? Il va falloir se dépêcher d'enlever les éclats de ton bras sinon tu pourras lui dire adieu. Au fait, on m'appelle Rabbit, et toi ? »

    Pris de cours, il répondit sans faire attention, du moins il essaya.

    - « Euh, je m'appelle Bito... »

    Il n'avait pas encore fini que Rabbit l'interrompit à nouveau.

    - « Bito ? Drôle de nom, enfin de toute façon la plupart d'entre nous avons choisi notre nom, c'est un peu comme une seconde naissance. J'espère que tu t'habitueras vite. Attention ça risque de faire un peu mal.
    - Mais qu'est-ce que vous me voulez? Pourquoi avez-vous fait ça?
    - Eh, tu ne regardes jamais les informations? Ca fait plusieurs semaines que la télévision nous utilise comme sujet pour leur 20h.
    - Vous êtes la bande d'assassins qui massacrent tous ces gens et appellent cela la justice? Qu'est-ce que vous me voulez?
    - Tout de suite les grands mots, et ce que tu viens de faire alors ? Ah, je vois que tu commences à voir les choses sous cet angle. On ne fait pas ça pour l'argent tu sais, et pour en revenir à ta question, nous avons besoin de gens comme toi.
    - Je n'ai pas besoin de vous, et je ne vois pas du tout en quoi je pourrais vous être utile, j'ai fait ce que j'avais à faire et peu m'importe ce qu'il arrivera maintenant. »


    Au fur et à mesure que la discussion allait dans le mur le chauffeur prit la parole.

    - « Ecoute, si tu te foutais de crever, avec une arme en main tu ne serais déjà plus de ce monde. Tu commences à comprendre ce que signifie réellement la justice et tu as les tripes d'affronter la réalité. Tu nous considères comme des assassins, fais toi une opinion par toi-même. Et avant que tu ne demandes pourquoi toi, la réponse est simple, comme mon camarade vient de te le dire, nous avons besoin de gens comme toi. Au passage, mon nom est Njio. »

    La discussion se poursuivit pendant un moment, Rabbit avait fini par réussir à stopper l'hémoragie à l'aide d'une poudre qu'Elenwë lui avait donné, en se mélangeant au sang celle-ci formait une espèce de pâte qui empêchait le sang de couler, c'était rudimentaire mais efficace. Le déclic des menottes vint ensuite et le désormais nommé Bito se laissa aller. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il était allongé dans un lit rudimentaire, la pièce était étrange car malgré le sol lisse les parois semblaient faites de roche peinte. L'atmosphère était fraiche et reposante, et le plafond de liège absorbait tous les sons. Il fut arraché à sa contemplation par la même voix.

    - « C'est joli hein? J'avoue que j'ai bien réussi mon coup, l'endroit est assez grand et ça a vraiment été un plaisir de le retoucher. Par contre j'ai failli être étranglé par Majestic, il pensait que le confort nous amolirait, mais au contraire nous sommes de plus en plus attaché à cet endroit. Ah, je commence encore dans le mauvais sens, c'est notre leader, nous l'avons rejoint la plupart du temps de façon chaotique. Tu peux te considérer en sécurité ici, la police ne viendra jamais te chercher ici. Je sais que nous avons été un peu brusque, prends ton temps pour réflechir, et profites-en pour faire connaissance avec nous, tu verras nous ne sommes pas de mauvais bougres. »

    Son bras avait fini de cicatriser et Bito arpentait la grotte, discutant parfois avec ses occupants lorsqu'ils n'étaient pas de sortie. Il fut surpris de voir combien les convictions qu'il partageait avec eux étaient nombreuses. Lui qui avait appréhendé de près des concepts comme la loyauté était étonné de la voir aussi omniprésente. Leur chef était rarement présent et pourtant, jamais ils n'arretaient d'opérer dans l'ombre sans attendre la moindre gloire. Ce jour là deux hommes étaient de garde comme toujours, tandis que les autres avaient quitté les lieux. S'il avait fait connaissance avec tout le monde, on ne peut pas dire pour autant qu'il s'était lié d'amitié avec tous. L'un d'entre eux, qui avait une démarche des plus martiales, le regardait avec mépris. Ses camarades ne semblaient pas prendre en offense son comportement hautain mais l'ambiance se refroidissait toujours en sa présence. N'ayant que trop souvent eu l'occasion de voir des gens frapper des amis dans le dos, il se mit en devoir de le surveiller afin de remercier ces hommes qui avaient risqué leur vie pour le sauver. Il n'avait rien fait pour eux, ils l'avaient sauvé, nourri et soigné non pas pour ses actes mais pour ce qu'il était. Pourtant il ne ressentait pas cette dette comme un poids, les gens qui l'entouraient étaient quotidiennement confrontés à la mort et bien qu'agissant pour eux-même, ils faisaient ça pour le monde ainsi que pour leur chef. Ainsi, lors de l'une de ses visites, il surprit le militaire qui s'appelait Sarkastik en train de communiquer des informations sur ses propres camarades qui étaient de sortie ce jour là. Ne sachant que faire, il se dirigea vers le second garde, un épéeiste à l'air fatigué et las, il n'avait pas beaucoup parlé avec lui mais le peu qu'ils avaient échangé avait suffit à Bito pour comprendre que malgré son coté taciturne, il était attaché à ses camarades. Plusieurs fois il avait assisté aux séances d'entrainements et il l'avait souvent entendu rire en maniant l'épée et même s'indigner lorsque ses camarades le taquinaient sur son refus d'esssayer d'autres armes. Il ne lui avoua pas directement ses doutes car il savait que la loyauté l'empêcherait d'agir. Il lui demanda à la place quels étaient les objectifs de ses compagnons. La réponse confirma ses soupçons, le dénommé Sarkastik avait dévoilé tout le plan aux forces de police, et peu importe qui aurait le dessus, des innocents seraient tués. Profitant de la distraction du garde, il s'empara de son épée et se précipita vers la salle informatisée. Avant que le traitre ait le temps de réagir, il lui plongea la lame en plein coeur et se recula, haletant. Le dénommé Thoner le rejoint juste après et devant la scène empoigna l'assassin et le plaqua au mur. Il lui demanda la raison de son acte. Bito avait le coeur serré et ne pouvait se résoudre à lui annoncer la chose, il devait s'en rendre compte par lui-même. Il pointa l'ordinateur du doigt et s'affaissa dos au mur lorsque l'emprise se relacha, reprenant son souffle. Devant l'horreur de la situation, Thoner ne sut réagir et resta la bouche grande ouverte devant le constat de la trahison de Sarkastik. La gorge nouée, Bito se releva et entreprit d'écarter la charogne assise près des appareils. Il avait vu ce matériel utilisé et savait comment procéder, il reprit son calme et décrivit la situation telle qu'elle était. Au bout de quelques minutes l'opération fut annulée, il ne savait pas s'il avait bien fait, mais en tout cas aucun innocent ne périrait aujourd'hui. Avant le retour du groupe, les deux hommes jetèrent le cadavre aux animaux alentours et nettoyèrent le sang qui maculait la pièce. Ils discutèrent longuement, et au cours de cette discussion Bito prit sa décision. Ces gens l'avaient sauvé, et il avait maintenant tué l'un deux. Il décida de prêter allégeance et de les aider dans leur but. Curieusement, cette tâche ne semblait pas peser, au contraire, il avait l'impression d'être enfin libre, de façonner le monde tel qu'il devrait être. Sa vie avait de nouveau un sens.

      La date/heure actuelle est Jeu 28 Mar 2024 - 15:39