Some Inglorious Ways

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    2. Vivre pour savoir

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    Inglorious Chief
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    Message par Majestic Lun 15 Nov 2010 - 12:10

    2. Vivre pour savoir

    Le bruit irrégulier mais perpétuel des voitures emplissait la ville d'un vacarme auquel la plupart des habitants s'étaient habitués, le vent charriait les relents de gaz d'échappement des véhicules et le sol d'asphalte faisait résonner les sons produits par les passants.

    C'est bien pour cette raison qu'Elenwë avait depuis longtemps délaissé les soi-disant bienfaits de la civilisation pour vivre en parfaite autarcie à l'écart de cette agitation incessante, et plus précisément, à l'écart des gens le causant. Sa maison bien que robuste passait pour une cabane de bûcheron aux yeux des improbables passants, et lui apportait tout ce qu'il lui en demandait. Le mobilier à l'intérieur, bien qu'austère, était principalement utilitaire et de bonne conception, et la demeure était ainsi placée qu'il avait un accès proche à la rivière, et assez éloignée de la forêt afin de prévenir aux feux de forêts fréquents dans la région. Sa garde-robe était pour ainsi dire limitée, il disposait d'une solide veste en laine grise qu'il avait réalisé lui même, ainsi que d'un pantalon de toile robuste. A coté de celui ci contrastait un costume qui avait l'air parfaitement déplacé à côté de ces vêtements simples et utilitaires. En effet la deuxième tenue était composée d'un tee-shirt à manches longues rouges et d'un pantalon de jean qui correspondait bien plus au contexte des grandes villes qu'à celui de ce petit coin reculé de tout.

    De fait, Elenwë était un solitaire et vivait ainsi afin de ne pas être perturbé par le monde extérieur, mais il lui arrivait parfois de se rendre dans les villes qu'il détestait tant, dans le but de se tenir au courant des évènements du monde. Rare furent les fois où il apprit quoi que ce soit d'intéressant, et pourtant l'une de ces sorties devait à jamais changer sa destinée.

    En l'occurrence, celui-ci venait de se baigner dans la rivière afin de se laver des souillures de l'air de la ville, et rentrait chez lui pour revêtir ses habits normaux, encore qu'aux yeux des habitants du monde, les habits normaux n'étaient pas tout à fait de cet aspect. Une fois sec et à l'intérieur, il entreprit de reprendre son empire sur lui même car à chaque fois qu'il se rendait en ville, son esprit était profondément déstabilisé par la démence qui caractérisait à ses yeux le «reste du monde». De là à dire qu'Elenwë était complètement fou, il n'y a qu'un pas, mais ce n'était pas tant une folie classique qui repose habituellement sur l'incohérence du raisonnement. Non, cette folie était plus en fait le résultat du rejet total de son esprit pour le monde extérieur qu'il considérait comme un tissu d'absurdités, et se manifestait entre autres par cet isolement volontaire. Toutefois, ces années passées à l'écart du monde ne furent pas laissées tombées dans l'oisiveté, car de fait, Elenwë, bien que détaché géographiquement du monde réel, était en perpétuelle réflexion sur les causes et les effets des évènements sur l'état du monde en ce jour. Il savait pertinemment qu'il ne pouvait rien changer seul et n'avait jamais rencontré quiconque partageant sa vision du monde. L'on pourrait facilement croire qu'il avait ainsi renoncé à son humanité et préféré adopter le mode de vie des animaux car il trouvait que la nature dans sa simplicité fonctionnelle était beaucoup plus cohérente que le monde créé par ses semblables, mais tel n'était pas le cas. Elenwë se savait résolument être un humain et comprenait qu'il y avait une différence majeure entre l'homme qu'il était, et les animaux qui vivaient dans les alentours. Cela-dit, il pouvait compter sur les doigts d'une main les gens qu'il avait trouvé digne d'être qualifié du terme d'humain, et encore de façon bien imparfaite, au cours de ses soixante-sept années d'existences. Ce n'était pas de la vanité car ce concept est bien vide de sens pour un ermite, mais il se considérait comme un humain dans un monde où les gens vivaient de façon malsaine. Pour lui, quelques soient les peuples en question, les gens se comportaient de cette manière malsaine qu'est le mélange d'un comportement animal avec la capacité de l'homme à créer le mal, car c'est bien ce qui les différenciait à ses yeux. Si un animal ne pouvait comprendre le concept de cruauté, en revanche les humains avaient la capacité de le faire, mais bien peu prenait en considération celle-ci, et bien moins nombreux encore étaient ceux qui y portaient un quelconque intérêt.

    Ce fut quelques mois plus tard que tout bascula. Lorsqu'il descendit dans la ville la plus proche pour recueillir des informations, il écouta sans en donner l'air plusieurs personnes parler d'une façon chargée d'un enthousiasme malsain qui caractérisait souvent les évènements sanglants. Apparemment des certaines de personnes seraient mortes dans un patelin proche de la grand-ville, toutes de causes diverses et variés, et même pour certains sans cause connue. C'était en effet le nombre de mort concentré dans un même endroit qui rendait la chose curieuse car même s'il arrive des accidents, lorsque ceux-ci se passent tous dans la même ville, cela ne peut être une coïncidence. Cette information intéressa Elenwë, non pas pour la raison qu'elle le sortait de l'ennui mortel et vide de sens de son quotidien, raison qui semblait être celle qui intéressait les gens qui en parlaient de façon plutôt indécente. Sa raison était purement basée sur la curiosité et c'est mû par celle-ci qu'il prit la direction de la ville concernée par le carnage. Malgré le fait que l'évènement ait eu lieu ici, les habitants semblaient ne rien savoir de ce qui s'était passé, aussi dut-il se résoudre a retourner chez lui. Cependant, avant cela il voulait avoir la certitude que personne en ville ne savait rien afin d'avoir l'esprit tranquille. Après tout, dans ce qu'il appelait pour lui même son «déguisement de ville» il passerait pour n'importe quel curieux parmi tant d'autres. Cela ne lui prit pas longtemps de remarquer que cette ville puait la corruption et était peuplée pour la plupart de gens sans scrupules, Elenwë n'avait pas une très haute estime de ses semblables mais cette ville particulière était encore plus rongée par le vice que toute celles qu'il avait pu visiter. Ayant appris que tout les morts avaient succombé au coeur de la nuit, il décida donc d'arpenter ses rues lorsque la lune serait haute afin de jeter un oeil à la personne qui semblait s'acharner à dépeupler cet endroit. Cela ne fut pas vraiment difficile car tous les habitants restaient chez eux par peur d'être tués, aussi était-il seul à circuler lorsqu'au détour d'une ruelle il aperçut un homme qui sortait résolument d'une demeure sans prendre la peine d'en fermer la porte avant de s'engager sur le trottoir. La logique ajoutée à son intuition le fit suivre cet homme, Elenwë était presque sûr qu'il avait découvert le responsable de toutes ces morts, une fois qu'il l'eut rattrapé, il remarqua que l'homme ressemblait à un citadin comme un autre, indifférenciable parmi la masse. Pourtant il dégageait de lui quelque chose qui acheva de persuader Elenwë qu'il avait vu juste.

    L'homme avait remarqué qu'on le suivait et s'était retourné, afin de voir qui l'épiait ainsi, il fut assez surpris lorsque l'homme qui l'avait suivit s'avança nonchalamment vers lui. En effet toute ces morts auraient dû inciter jusqu'au plus bête des citoyens de la ville à rester cloîtré chez lui, mais celui ci ne semblait pas particulièrement être sur la défensive lorsqu'il s'approcha. Il lui adressa même la parole d'une voie assurée et l'interrogea d'une façon qui semblait vide de toute accusation, seulement mue par la curiosité.

    - « Es-tu à l'origine de la mort des gens de cette ville? »

    Pris de court , l'homme répondit :

    - « Et si tel était le cas?
    - Si tel est le cas, j'aimerais simplement en connaître la raison. »


    N'ayant pas peur de tuer à nouveau si nécessaire il répondit sans la moindre gêne :

    - « Car ces gens ne me plaisaient pas, leur existence est une insulte à l'humanité.
    - Je vois
    , répondit simplement Elenwë tout en décidant mentalement que cet homme était décidément bien différent des gens qu'il avait rencontré jusque là, je pense que je vais te suivre et t'observer », ajouta-t-il sans la moindre trace de peur dans la voix.

    L'autre fut d'abord interloqué par la brutale simplicité de l'annonce qui venait de lui être faite, mais après réflexion, il ne voyait aucune raison de tuer cet homme et si cela changeait, il pourrait toujours y remédier, ainsi lui répondit-il :

    - « Fais comme bon te semble mais n'attends rien de ma part, j'ai une tâche à accomplir et je n'ai pas de temps a perdre. »

    Elenwë n'ajouta rien et l'homme reparti sans même dire son nom, ce qui ne dérangea ni l'un ni l'autre.
    C'est ainsi que ce curieux duo reparti pour s'engager dans une ruelle sombre, l'homme étrange précédant Elenwë qui se contentait d'observer en silence et en réfléchissant au sens des actes qui se déroulaient sous ses yeux.

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